APRES LES CHUTES, LA GAMELLE
Nous avons cherché en vain une solution pour quitter San Ignacio en bus, donc nous décidons de faire encore 16km sur la ruta 12 jusqu’à Santa Ana et ensuite bifurquer vers le Rio Uruguay, où nous l’espérons, la circulation sera moins stressante.
Après 6km, dans la descente que nous effectuons sur le bas côté (alors qu’avant nous roulions systématiquement sur la route dans les descentes pour éviter tous les pièges qui arrivent à plus de 40km/h : bouts de pneu, graviers, boulons, pierres, ferraille…), Alexane n’a pas le temps de voir une grosse pierre, décolle et retombe brutalement. A sa tête, nous savons tout de suite qu’il y a un vrai problème. Son avant-bras présente une boule et lui fait très mal ; visiblement c’est cassé et déplacé.
Nous essayons d’arrêter une voiture, mais celles-ci passent à fond sans même jeter un coup d’œil. En même temps lorsqu’un couple s’arrête enfin, leur attitude nous sidère : ils vont à Posadas, ‘où nous sommes surs de trouver ce qu’il faut, ils ont un pick-up et ils nous disent de faire demi tour et de retourner à San Ignacio puis s’en vont tranquillement…
Dans les pays, dits en voie de développement, dès que nous avions le moindre pépin, nous n’avions qu’à lever le bras, ici le pays est dit « civilisé » et pourtant l’attitude des gens démontre tout le contraire. La « civilisation » consiste-t-elle à ne se préoccuper que de soi et d’ignorer les autres ?
Nous retournons donc d’où nous venons tout doucement en évitant les secousses, heureusement que nous avons un Pino qui permet de transporter facilement un blessé.
La radio, réalisée dans le petit dispensaire, confirme la fracture et le déplacement du radius. Une ambulance nous transporte à Posadas. Pendant que nous discutons des dangers de cette route, et de la police qui ne fait rien, le chauffeur roule à 140km/h, frôle 4 scooters et utilise son gyrophare pour doubler à gauche à droite (Alexane n’est pas en danger de mort !).
A l’hôpital, nous attendons une heure avant qu’un traumatologue ne vienne. Nous ne le voyons pas regarder les radios et il plâtre Alexane en appuyant sur la bosse. Il s’en va, nous nous attendions à recevoir des explications mais il ne reviendra pas, il a quitté son service.
Nous nous retrouvons à Posadas, sans rien, nous avons tout laissé à San Ignacio, pensant revenir avec l’ambulance. Heureusement, nous avons encore le numéro du chef de la Police Canine, où nous avions dormi à l’aller. Nous retrouvons Ojito et ses maîtres qui nous laissent une chambre avec leurs lits.
Vendredi, nous retournons à l’hôpital et retombons sur le même traumato qui nous donne enfin des explications et nous obtenons de faire une radio de contrôle. L’os est bien réaligné mais nous revérifierons en France.
Samedi, un des policiers nous trouve un pick-up pour aller chercher nos affaires. Nous pouvons donc prendre un bus dimanche pour quitter enfin cette région qui ne restera pas le meilleur souvenir du voyage !
Transfert de bagages
Nous arrivons à Conception de Uruguay à 8h du matin. Le temps de récupérer les vélos, de les remonter, nous ne roulons qu’une heure avant de nous arrêter pour manger.
La pluie tombe légèrement, donc nous demandons si nous pouvons poser la tente dans le jardin d’une dame pour manger. Tout est à peine monté que des trombes d’eau se déversent jusqu’à 16h30.
Nous demandons donc si nous pouvons rester dormir ici. Nous dormons depuis 2h lorsqu’une voie agressive nous réveille et nous ordonne de sortir rapidement. Le policier est bête et c.. et ne se calme que lorsqu’un de ses collègues arrive. La dame qui nous a gentiment permis de nous installer est outrée. C’est sûr qu’une tente avec trois vélos dans un jardin privé représentent une menace à la sécurité nationale…
Nous ne savons toujours pas pourquoi ils se sont comportés comme cela, ni ce qu’ils pensaient trouver mais cela fait beaucoup pour l’Argentine…
Dans la nuit les trombes d’eau redoublent et le matin la partie de la tente des enfants devient une véritable piscine. Arwen et Elouan débarquent dans la nuit tout mouillés. Seule Alexane finit sa nuit sur son matelas qui flotte sur l’eau.
Nous remballons une grande partie du matériel trempé et roulons vers Gualeguaychu, que nous atteignons après 3h30 sous la pluie. Nous sommes frigorifiés et décidons de sécher dans un hôtel.
Heureusement, nous discutons avec Ramon, un Argentin ouvert et très agréable, qui nous réconcilie un peu avec ce pays, mais il est temps pour nous de quitter provisoirement cette région.