MISSION
Normalement les passages de frontière se passent sans problèmes mais pour le Paraguay cela a été plus compliqué. En arrivant à l’entrée du pont qui enjambe le Parana, frontière naturelle entre les deux pays, des militaires nous informent qu’il est interdit de le franchir à vélo. Les autres points de passage sont à plus de 300km.
Nous discutons successivement avec plusieurs gendarmes ; du borné qui ne sait que répondre « no se puede » (il nous rappelle notre ami,"no camp", de Polson), au plus aimable qui nous trouve un pick-up qui accepte de charger tout notre barda pour passer de l’autre coté du fleuve.
Posadas: un petit air de Manhattan
Les paraguayens sont tout de suite très curieux, la foule se presse autour de nos engins et il nous est difficile de quitter Encarnacion.
Nous dormons le soir à Trinidad, à côté de la billetterie du site des ruines d’une mission jésuite (wc, douche, eau : tout le confort y est.). Le soir nous profitons du son et lumière pour y faire un premier tour.
Ensuite, le 23, nous visitons la mission Jésus de Tavarangüe, à 12km de là et revenons visiter de jour Trinidad. La première venait juste d’être achevée lors de la chute des Jésuites et ne comptait que quelques occupants. Par contre environ 3000 guaranis ont vécu dans la deuxième.
Nef de l'église de Jésus de Tavarangüe
Trinidad
Observez bien le linteau
Ces deux missions font partie des 30 qui ont été crées dans cette partie du monde par les Jésuites. Ces communautés religieuses guaranies ont vécu une utopie de ce que l’on pourrait qualifier de « communisme chrétien » pendant 150 ans.
Ces visites nous ont vraiment donné l’envie de revenir dans le passé pour voir si la vie ici était aussi idéale qu’elle nous est présentée aujourd’hui (il va falloir bouquiner en rentrant car le sujet est intéressant).
En tout cas la chute des missions nous semble être un grand gâchis tant les guaranis ont perdu en bien-être ensuite. A l’époque, les missions étaient prospères et les guaranis étaient tous alphabétisés, ils construisaient des instruments de musique exportés dans le monde entier…
Sculpture sur bois
Aujourd’hui le Paraguay ne semble plus être habité des indigènes, les immigrants sont partout et habitent toutes les belles maisons, alors que les indiens vivent dans des paillottes.
Chaque région est dominé par certains immigrants : asiatique dans une, Espagnole dans une autre avec chacune ses spécialités. Nous traversons quant à nous la région « allemande ». Certaines inscriptions sont écrites dans la langue de Goethe, la bière s’appelle la « Kaiser » et les gens sont grands, blancs, blonds aux yeux bleus ; ce qui nous a un peu déboussolé au début.
Cette contré ressemble aux campagnes les plus agricoles de France. En ce moment les moissons commencent. Nous sentons bien que l’industrie agroalimentaire (genre Monsento) est toute puissante ici (soja transgénique, blé expérimental…).
Le paysage est très agréable mais très vallonné (nous ferons 1600 m de dénivelé positif en plus de 250km). Tout est propre, il n’y a plus de déchets au bord des routes (certainement les bienfaits de l’éducation allemande).
Après les missions, notre première journée vraiment passée à pédaler s’effectue sous le cagnard (34°C). Le lendemain le vent froid se lève et devient extrêmement fort (mais dans le dos), la pluie nous poursuit. Nous roulons 4h de suite pour nous poser au plus vite et ainsi nous abriter du vent. Durant la nuit il gèle !! Impressionnante météo, nous pensions qu’il faisait toujours chaud dans le coin : erreur !
Comme il n’y a pas beaucoup de cyclotouristes dans le coin, nous sommes constamment l’attraction. Un journaliste nous arrête pour interviewer Annick en direct à la radio et filmer un reportage pour la télé. Nous ne sommes pas repartis depuis 10 minutes qu’un camion s’arrête, il a entendu le direct et nous offre du yaourt (sympa !).
Nous arrivons après 6 jours dans ce pays à Ciudad del Este, ville frontière avec le Brésil et port franc où règne un bazar infernal. Les pompiers nous offrent les douches et la protection (maintenant que nous avons un pompier de Paris avec nous, nous en profitons !).
Nous n’avions pas préparé le passage dans ce pays et nous avons été agréablement surpris, il nous reste à potasser son histoire.
Nous y avons découvert deux spécialités culinaires, coxiña que nous avons rebaptisé petite goutte (purée et viande à l’intérieur),
le dulce de mani (du sucre avec un peu de cacahuètes) ,
et une autre pas bonne du tout dont nous ne nous rappelons même plus du nom.
Par contre, nous aurons du mal à y revenir car nous avons raté le poste de douane et le tampon de sortie…
A nous la samba et ses rythmes endiablés.
Bem-vindo ao Brazil
PS1 : Il est temps pour chacun d’entre vous de ressortir le film « Mission » de Roland Joffé avec Robert de Niro.
PS2 : Alexane m'a tané pour rajouter cette photo de couché de soleil donc profitez-en